Marchés financiers — Perspectives 2024 

 Economie : fin de la hausse des taux … enfin 

L’année 2023 aura été dominée par la lutte contre l’inflation avec une hausse continue des taux d’intérêt à court terme de la part des Banques Centrales afin de ralentir la demande par la hausse des coûts de financement. 

En l’espace d’un an et demi, les taux sont ainsi passés de -0.50 % à 4.25 % à court terme en Europe et de -0.50 % à 3 % sur les taux à 10 ans allemands (indice de référence pour les obligations), ce qui constitue le choc le plus violent de l’histoire sur les taux. 

Cette stratégie a fini par payer puisque les chiffres d’inflation depuis octobre marquent enfin une décrue sensible, avec une hausse des prix en dessous de 3 % en rythme annuel, tant aux Etats Unis qu’en Europe. 

Depuis deux mois à peine, il est raisonnable d’anticiper que cet épisode de hausse des taux est bel et bien fini et, qu’après une phase de pause, ils pourraient effectivement baisser dès 2024. 

Cette hausse des taux a eu pour effet, inévitable : 

> De ralentir la croissance économique. Les grandes économies européennes sont en récession modérée (Allemagne, Pays Bas, Grande Bretagne) ou en stagnation (France). 
La surprise provient des Etats-Unis où la « récession la plus attendue de l’histoire » ne s’est pas produite : le « consommateur américain », qui est le principal moteur de l’activité aux USA, s’est en effet montré très résilient en raison : 

  • D’une remarquable tenue du marché de l’emploi (chômage à peine en hausse), qui offre une forte sécurité sur les revenus futurs. 
  • D’une épargne constituée lors de la période Covid, qui a été dépensée en 2023. 
  • Des fortes dépenses budgétaires du gouvernement, dans une année préélectorale, au travers des plans de soutien d’activité. 

> D’avoir un fort impact négatif sur le marché immobilier et le secteur du bâtiment : chutes des ventes dans le neuf de 50 %, diminution du nombre de transactions dans l’ancien (875.000 attendues en 2023, en repli de 22 %), baisse des prix résidentiels (certes non homogène, les villes du sud et les zones littorales étant résistantes) et surtout de certains actifs professionnels tels les bureaux franciliens. 

L’accalmie sur les taux devrait enrayer à terme le mouvement. A noter que les sociétés immobilières cotées (foncières), qui avait baissé de 35 % en 2022, ont nettement rebondi en bourse depuis novembre (+50 % pour Unibail, +20 % pour Klépierre). Signal précurseur du marché physique ? 

Deuxième économie mondiale, la Chine n’a pas connu de redémarrage post-covid, à l’inverse des pays occidentaux en 2021, et demeure engluée dans une longue crise immobilière. Elle est même confrontée à une déflation, ce qui laisse des marges de manoeuvre pour relancer l’activité : à ce jour toutefois les plans de relance chinois se font attendre. 

Enfin, les fortes tensions géopolitiques, avec la multiplication des conflits et la poursuite de la montée des tensions Sino-américaines, n’ont pas eu d’impact majeur ni sur les prix des matières premières contrairement à 2022 (le pétrole par exemple est revenu globalement à son niveau pré-guerre en Ukraine) ni sur les marchés financiers globaux. 

Marchés financiers : soulagement en fin d’année 

Après une année 2022 qui s’est avérée la pire pour les marchés financiers depuis 90 ans avec une baisse moyenne des actions de 18 % et une chute simultanée des obligations de 16 %, 2023 marque un rebond sur l’ensemble des marchés. 

  • La hausse des taux a non seulement permis aux actifs de court terme et sans risque (compte sur livrets, comptes à terme…) de retrouver des rémunérations attractives mais également aux obligations de regagner en attractivité. 
    Les fonds obligataires ont en effet offert un excellent couple rendement/risque avec des performances comprises entre 7.5 et 12 % pour les fonds obligataires « datés » de maturité 2025 à 2027, de risque modéré (2 ou 3 sur une échelle de 1 à 7) que nous avons recommandés tout au long de l’année. 
  • Les marchés « actions », après un bon mois de janvier, se sont stabilisés en Europe jusqu’à fin octobre, avec un CAC 40 évoluant la plupart du temps entre 7000 et 7500 points. 
    Début novembre, l’indice était même tombé à 6800 points mais le changement de cap des Banques Centrales a enclenché pendant 8 semaines un rallye de fin d’année qui a amené le CAC sur le haut de la fourchette au 31 décembre, lui permettant de réaliser une performance de 16.5 % en 2023. 

Aux USA, le Dow Jones gagne 13.7 % et le S&P 500 24.2 % mais avec une très forte concentration des hausses sur les « Sept magnifiques » (les GAFAM + Tesla et Nvidia). Ces quelques valeurs technologiques ont propulsé le Nasdaq de 43.4 %, sans que cela permette toutefois de rattraper la chute de 35 % en 2022. 

Les sociétés plus classiques ont en revanche peu progressé alors que les petites et moyennes valeurs ainsi que les marchés émergents ont souffert. 

Perspectives des marchés financiers 2024

Les marchés anticipent désormais des baisses de taux précoces (dès mars) et importantes (jusqu’à 1.5 %) ainsi qu’un atterrissage en douceur de l’économie US. 

Cette conjonction potentiellement favorable de taux plus faibles et d’absence de récession ont conduit les investisseurs à retenir pour 2024 le scénario « Boucle d’or », du nom du conte pour enfants, avec une économie et une inflation ni trop fortes ni trop faibles. 

Cette vision est peut-être trop optimiste puisque : 

  • D’une part, le calendrier de baisse des taux sera vraisemblablement décalé dans le temps et que des facteurs structurels devraient empêcher l’inflation de rebaisser bien en deçà de son niveau actuel. 
  • D’autre part, les indicateurs avancés montrent un net ralentissement aux USA et les perspectives de croissance globale s’établissent pour 2024 à 2 %, un niveau historiquement faible et insuffisant pour permettre aux entreprises de faire progresser leurs résultats de manière significative. 

Dans ce contexte, les fonds obligataires conservent leur intérêt, de même que les produits structurés qui sont des alternatives attractives aux actions. 

Sur ces dernières, la fin de la hausse des taux devrait inciter les investisseurs à ne plus se concentrer exclusivement sur les valeurs technologiques et à diversifier sur les marchés décotés (notamment les valeurs de rendement et les petites capitalisations), en mettant à profit la volatilité attendue dans un contexte encore incertain. 

Soirée d’information 21 novembre 2023

Après une brève introduction  décrivant la tendance macro-économique (ralentissement, inflation encore persistante, maintien des taux élevés en 2024, perspectives de croissance modeste au niveau mondial, crainte d’une détérioration en Europe), Generali nous a confirmé la tendance de long terme de l’amélioration du rendement des fonds euro pour 2023-2024-2025 et l’intérêt d’une diversification.

Fidelity, dont vous trouverez la présentation, nous a rappelé les principes fondamentaux et éclairé pour réussir son investissement de long terme sur les marchés financiers et son sentiment pour 2024 en privilégiant la zone US pour 2024.

Bonne lecture à tous

Marchés financiers — Octobre 2023 

Contexte et préconisations

Septembre est historiquement le mois le plus défavorable pour les marchés financiers : 2023 n’a pas dérogé à la règle avec une baisse des indices « actions » de 5 % aux États-Unis et de 2,5 % en Europe. 

Le CAC 40 s’inscrit ainsi dans le bas de la fourchette comprise entre 7 100 et 7 500 points dans laquelle il évolue depuis 8 mois maintenant. 

Les investisseurs sont toujours confrontés aux mêmes problématiques 

L’inflation continue à décroître, mais pas suffisamment ni assez vite au goût des Banques Centrales. 

Celles-ci maintiennent donc une politique monétaire restrictive, avec des taux directeurs élevés pour une période a priori prolongée. La Banque Centrale Européenne a ainsi porté son taux à 4 %, le niveau le plus haut depuis la création de la zone euro. Le communiqué qui a accompagné cette décision laisse toutefois entrevoir une pause, voire une fin de mouvement, si l’inflation ne devait pas repartir à court terme. 

La hausse des prix du pétrole depuis quelques mois (qui s’approche des 100$ le baril sous l’effet des restrictions de production de la part de l’OPEPet notamment de l’Arabie Saoudite) laisse planer un doute à ce sujet. 

Actant cette situation, les taux à long terme, qui étaient demeurés stables depuis le printemps, se sont nettement tendus avec un taux à 10 ans au-dessus de 4,6 % aux USA et à 2,90 % en Allemagne. Ce mouvement a pénalisé mécaniquement les obligations à long terme. 

En conséquence, les coûts de financement étant toujours plus élevés (ce qui affecte notamment le marché immobilier), un ralentissement économique est en cours. 

  • L’Allemagne et les Pays-Bas sont d’ores et déjà officiellement en récession et les indicateurs avancés (PMI) sont eux au plus bas depuis 2011 en Europe, avec un très faible niveau pour l’industrie. 
  • Aux USA, le retournement s’est amorcé, notamment dans les services. Si un atterrissage en douceur est possible (soft landing), une récession ne peut pas être exclue. 
  • En Chine, engluée dans une crise immobilière et une situation de déflation, la croissance n’est pas au rendez-vous et un plan de relance est attendu. 

À noter que dans les pays développés, ce ralentissement ne s’accompagne pas d’une remontée du chômage contrairement aux cycles économiques précédents, en raison de la baisse naturelle de la population en âge de travailler et de la relation au travail qui a changé depuis le Covid et les confinements. 

Les Pays Bas sont ainsi simultanément en récession (baisse de la richesse nationale) et en plein emploi (450 000 emplois non pourvus, dans pratiquement tous les secteurs d’activité). Cette situation, partagée de part et d’autre de l’Atlantique, crée des tensions sur les salaires, alimente l’inflation et complique la tâche des Banques Centrales. 

Le contexte macroéconomique demeure ainsi toujours difficile et les conditions ne sont donc pas encore réunies pour anticiper une progression sensible des marchés. 

Les stratégies de « portage » toujours pertinentes 

En l’absence de potentiel identifié à court terme sur les actions (même si la période d’octobre à avril est traditionnellement plus favorable que les 6 derniers mois), la prudence continue à s’imposer. 

Par ailleurs, l’effet TINA (There Is No Alternative), qui conduisait à privilégier les actions dans un monde à taux zéro, faute d’alternatives sur les produits liés aux taux d’intérêt, ne soutient plus les actions : de nombreuses classes d’actifs offrent désormais des rendements attractifs avec un risque modéré. 

Nous continuons donc à privilégier les stratégies de portage dans ce contexte : 

  • Les fonds monétaires et les comptes à terme ont un rendement de 3,5 % à 4 % sur des durées courtes, sans risque et avec une liquidité totale, pour la rémunération de placements d’attente. 
    Afin de s’adapter à cette concurrence, les assureurs offrent des « bonus » sur le rendement des nouveaux versements en fonds en euros, qui les portent entre 4 et 5 % pour 2023 et 2024 par exemple chez GENERALI (en fonction de la proportion investie hors fonds en €). 
  • Les obligations d’entreprises, en particulier via les fonds à échéance. Ils offrent en effet une rentabilité annuelle nette supérieure à 5 % ou 6 % pour un risque de niveau 2 ou 3 sur 7. 
  • Les produits structurés de rendement, notamment les « Phoenix » distribuant des coupons réguliers même en cas de baisse des indices de référence. À titre d’exemple : 

Phoenix mémoire SG Novembre 2023 est indexé sur l’action Société Générale. 

Il verse un coupon de 2,25 % par trimestre (soit 9 % par an) tant que l’action n’a pas baissé de plus de 50 % par rapport à son niveau d’origine et rembourse le capital par anticipation si l’action est supé-rieure, lors d’une échéance trimestrielle après un an, à 95 % du niveau initial puis à un seuil dégressif de 2,5 % par trimestre jusqu’à -50 %. Le capital est garanti jusqu’à une baisse de 70 % de l’action. 

Ce produit offre donc une forte probabilité de distribution de revenu à hauteur de 9 % par an et de remboursement de capital sur un horizon relativement court

Crédit Agricole dégressif Dec 2023 est indexé sur l’action Crédit Agricole. 

Il distribuera un coupon de 10 % par an et remboursera le capital dès que l’action sera supérieure, lors d’une constatation mensuelle, à un seuil dégressif jusqu’à -70 %. Capital garanti jusqu’à -70 %. 

Il faudrait une baisse de 70 % de l’action Crédit Agricole pour que les 10 % par an ne soient pas atteints et qu’une perte en capital soit constatée. 

NB : ces produits sont disponibles en compte titres et chez certains assureurs seulement. 

Marchés financiers – Juillet 2023

Économie : hausse des taux et ralentissement économique 

 L’inflation demeure la priorité des Banques Centrales. En dépit de la baisse régulière des indices globaux d’inflation tant aux USA (+ 3.8% sur un an en mai) qu’en Europe du Sud (les chiffres sont au plus bas depuis 14 mois en France, en Italie ou en Espagne où la hausse des prix est inférieure à 2 % sur un an), les Banques Centrales considèrent : 

• que certaines zones importantes, telle l’Allemagne où l’inflation a réaccéléré en mai à 6.4%, connaissent un niveau trop important. 

• que les chiffres sont encore trop éloignés de l’objectif de 2 %. 

• et surtout que l’inflation « sous-jacente » c’est-à-dire hors éléments volatils comme l’énergie et les matières premières, dont la baisse a beaucoup contribué à la décrue récente, est trop élevée, autour de 4 % de part et d’autre de l’Atlantique. Cette inflation « coeur » est soutenue notamment par une forte hausse des salaires, surtout dans les services, que la BCE veut briser avant que ne se mette en place une boucle « prix/salaires ». 

Les taux monétaires, administrés par les Banques Centrales ont donc continué à monter au 2ème trimestre 2023 et devraient encore être réhaussés d’au moins 0.5 % d’ici la fin de l’année. 

Cette hausse des taux courts ne se diffuse pratiquement pas aux taux à long terme, globalement stables sur le trimestre, le taux des obligations à 10 ans en France demeurant en dessous de 3 %. 

La courbe des taux est donc inversée, les taux à courts terme offrant des rémunérations supérieures aux taux à long terme, ce qui est une anomalie et un signe précurseur de récession historiquement. 

C’est d’ailleurs toute la stratégie des Banques Centrales, qui en rendant les coûts de financements plus élevés, veulent réduire la demande au point de faire baisser les prix. L’impact est déjà significatif sur le secteur du bâtiment et le marché immobilier (chutes des transactions dans le neuf de 50 %, début de baisse des prix résidentiels) mais aussi pour l’industrie, en récession depuis le début de l’année en Europe et notamment en Allemagne. 

Aux Etats Unis, la croissance demeure positive mais tout l’enjeu est de savoir si les USA basculeront en récession d’ici la fin de l’année, une hypothèse qui ne peut être totalement écartée. 

Pour l’instant, les banques centrales semblent vouloir livrer une dernière bataille pour gagner leur guerre contre l’inflation et elles prolongent leurs cycles de resserrement monétaire, même si l’inflation globale recule et que la croissance s’affaiblit. Elles assument le risque d’une « erreur de politique monétaire », c’est-à-dire d’une hausse des taux excessive conduisant à une récession globale. 

Marchés : ultra-concentration des performances 

Dans ce contexte, les marchés obligataires ont peu bougé, signe que les investisseurs croient à la victoire contre l’inflation à relativement court terme. 

Le niveau des taux d’intérêt, notamment sur des maturités de 2 à 4 ans, offre des opportunités sur des obligations procurant des rendements nets supérieurs à 5 ou 6 % par an. Ils seront d’autant plus attractifs si, dans les prochains mois, l’inflation confirme sa décrue et si les Banques Centrales achèvent leur durcissement monétaire. Des fonds tels , Rothschild Target HY 2026, Sycoyield 2026, SWL Bond Opportunity High Yield 2026 permettent de se positionner sur cette thématique. 

Sur les actions, les indices se sont stabilisés en Europe depuis plusieurs mois. Le CAC 40 fluctue ainsi depuis février dans une fourchette entre 7100 et 7500 points. De même les marchés émergents, anglais ou le Dow Jones, en légère hausse en 2023, n’évoluent que très peu, en cohérence avec un environnement macro-économique morose et les perspectives de baisse des résultats des entreprises 

Dans ces marchés atones, les produits structurés, alternatives très attractives aux actions, avec des rendements élevés et des fortes protections à la baisse, demeurent des vecteurs de performance. 

Le seul segment de marché qui a progressé est celui de la Technologie aux Etats Unis, plus spécifiquement celui des valeurs liées à l’Intelligence artificielle. En hausse de 15 % à fin mars, le Nasdaq progresse désormais de 30 % à fin juin, sa meilleure performance semestrielle depuis la bulle internet. 

Depuis le début de l’année, les géants de la « tech » américaine ont en effet enregistré une forte hausse. Ainsi Alphabet (Google), Amazon, Apple, dont la capitalisation boursière vient de dépasser 3.000 milliards, Meta, Microsoft, Nvidia et Tesla ont progressé en moyenne de 81,6 %. En retirant la performance de ces sept valeurs, le « S&P 500 » (l’indice le plus représentatif aux USA) n’a progressé que de +2.5 % depuis le 1er janvier pour les 493 autres valeurs. 

En-dehors de quelques sociétés-phares, le marché américain reste donc sans tendance et ce phénomène d’ultra-concentration des performances devient problématique. Il n’est pas à lui seul constitutif d’une bulle mais ces valorisations très élevées interrogent. 

Cet enthousiasme est porté par les progrès de l’intelligence artificielle (IA), dans le sillage de Chat GPT. Les spécialistes considèrent que l’IA, notamment « générative », va permettre de formidables gains de productivité, stratégiques dans un monde où la population active décroit et sans équivalent sur les 75 dernières années, un surcroit de croissance estimé à 1.2 % par an et des transformations majeures dans de nombreux secteurs. L’idée est en train de se généraliser que l’adoption de l’IA déterminera la réussite des entreprises dans la prochaine décennie. 

Pour l’instant ce sont les sociétés de semi-conducteurs telles NVIDIA qui profitent de cette vague avant que le phénomène s’étende aux logiciels. 

Cette thématique peut être jouée par l’intermédiaire d’un fonds « pur » tel « Echiquier Intelligence Artificielle », nécessairement risqué, et/ou, pour les plus prudents, par un produit structuré à capital garanti, adossé au fonds d’Allianz. Sur 5 ans, « Allianz AI défensif juillet 2023 », garantit en effet le capital investi et permettra de capter 100 % de la hausse du fonds sous-jacent, plafonnée à 40 %. Un bon moyen de se positionner sur un secteur à fort potentiel sans risque de perte. 

Marchés financiers bilan 2020 et perspectives 2021

Quoi qu’il en coute

La pandémie de Covid aura occupé l’intégralité de l’année 2020. Outre l’impact sanitaire (84 millions de contaminations et 1.8 Millions de décès), le virus et les mesures de confinement ont provoqué une baisse de l’activité économique sans précédent en temps de paix : la France a ainsi perdu environ 10 % de sa richesse nationale. Une telle récession aurait dû provoquer une catastrophe pour les ménages et les entreprises : il n’en a rien été grâce aux mesures de soutien d’urgence (chômage partiel, plans de sauvetage, prêts garantis par l’Etat, report de charges et d’imposition …).
Ainsi les ménages français n’ont-ils perdu que 0.9 % de pouvoir d’achat en 2020 et ont pu constituer une épargne supplémentaire estimée à 130 Milliards d’Euros.
Ces opérations n’ont été possibles qu’au prix d’un endettement considérable de l’Etat (environ 20 % du PIB), intégralement financé par la Banque Centrale Européenne qui a procédé à une création monétaire historique. Tous les pays ont pratiqué la même politique avec une intervention des Etats soutenus par une injection massive de liquidités de la part des Banques Centrales.
Depuis l’annonce des vaccins en novembre, l’espoir d’un fort rebond de l’économie au deuxième semestre 2021 est légitime mais il ne sera pas suffisant pour compenser la baisse de cette année. Le niveau de PIB de 2019 ne devrait ainsi être rattrapé qu’en 2023 pour la France.

Une hausse des marchés financiers en Novembre avec l’annonce des vaccins

Des marchés financiers paradoxaux ?

Après un effondrement de l’ensemble des classes d’actifs en mars (le CAC 40 est passé en 3 semaines de 6100 à 3600 points, le baril de pétrole a eu un prix négatif l’espace d’une journée), les marchés ont rebondi en deux temps :

D’abord jusqu’en septembre, sous l’effet de la forte progression des entreprises qui ont bénéficié de la crise (commerce en ligne, digital… avec + 80% pour Amazon et Apple par exemple).
Puis en novembre, à l’annonce des vaccins : les valeurs des secteurs les plus impactés (aéronautique, automobile, hôtellerie, centres commerciaux…) ont effectué un rattrapage spectaculaire, le CAC progressant de près de 20 % en un seul mois.

Cette hausse de novembre a limité la perte du CAC 40 à 7.1 % en 2020 alors que les bénéfices des entreprises devraient baisser de 30 à 35 % cette année. Mieux, les marchés où les valeurs technologiques sont prépondérantes ont fini sur une nette hausse : + 43 % pour le Nasdaq, entrainant dans son sillage les actions US (+ 7 % pour le Dow Jones) et mondiales (+13 % pour le MSCI World).

En 2021 une poursuite de la tendance haussière

Perspectives 2021

Le virus continue à se propager largement, aux USA et en Europe notamment, alors que la diffusion de la vaccination ne sera pas effective avant plusieurs mois, mais les marchés se projettent au-delà de l’hiver en anticipant un redémarrage rapide au deuxième semestre.
La hausse de l’activité, soutenue par les plans de relance colossaux, et l’amélioration des bénéfices des sociétés cotées en bourse (à partir d’une base de comparaison très faible en 2020) laissent augurer une poursuite de la tendance haussière à ce moment-là, d’autant plus que :

  • Un accord commercial a été trouvé in extremis entre l’UE et la Grande Bretagne post Brexit.
  • L’Europe a accepté pour la première fois une mutualisation de ses dettes pour financer son plan de relance. C’est un événement considérable pour l’avenir de l’Union.
  • 15 pays d’Asie/Pacifique représentant 32 % de la richesse mondiale ont signé un accord commercial (RCEP) qui va dynamiser la croissance mondiale.
  • Enfin, la victoire de Joe Biden devrait permettre aux USA de rejoindre les accords internationaux (notamment sur le climat) et d’adopter une position plus conciliante avec leurs partenaires commerciaux.

En termes d’investissement

  • Alors que les taux d’intérêt sont historiquement bas (négatifs pour la plupart des dettes d’Etat à long terme, y compris le Portugal et l’Espagne !) seules les obligations financières, émergentes et à « haut rendement » offrent encore un rendement satisfaisant.
  • Les actions décotées, sensibles au cycle économique (gestions dites « value » et « rendement ») devraient poursuivre leur rattrapage sur les valeurs de croissance qui ont nettement surperformé ces dernières années.
  • Les valeurs positionnées sur les tendances « séculaires » devraient progresser encore. Elles appartiennent aux secteurs liés :

    • aux besoins fondamentaux : santé, eau, sécurité.
    • à la numérisation des entreprises et de l’économie : digital, intelligence artificielle, robotique, e-commerce…
    • Les valorisations de certaines entreprises sont toutefois déjà élevées.
    • à la transition écologique, au développement durable et aux énergies renouvelables. L’année 2020 aura marqué un tournant décisif dans ce domaine.
  • Enfin, la décennie qui s’ouvre sera vraisemblablement celle de l’Asie, pour de multiples raisons économiques, démographiques, technologiques. La Chine, en croissance en 2020 et dont le niveau d’activité est déjà revenu à celui d’avant la crise, devrait ainsi dépasser les USA plus tôt que prévu comme première puissance économique mondiale.
    Les actions américaines étant 44 % plus chères que la moyenne des actions internationales, il est probable que les investisseurs US aillent chercher de la performance hors de leurs frontières, notamment en Asie.

Marchés financiers – Novembre 2020

L’annonce par le laboratoire Pfizer de la disponibilité prochaine d’un vaccin anti Covid -19 cumulée avec les résultats de l’élection US de Joe Biden a produit un véritable krach haussier sur l’ensemble des places financières mondiales.

Toutefois cette annonce et cette réaction nous semblent pleinement crédibles et cette réaction doit nous servir d’enseignement.

Bien qu’encore lointaine et avec beaucoup d’incertitude quant à la pleine phase opérationnelle et à la diffusion effective de ce vaccin (approbation, disponibilité, logistique des –70° C, d’autres laboratoires avec d’autres vaccins potentiels sont quasiment au même niveau de recherche), cette annonce a littéralement propulsé les marchés financiers grâce à l’espoir enfin d’un contrôle de cette pandémie et d’un retour à une situation quasi-normale.

Jusqu’à cette annonce les marchés étaient dans une logique de STOP AND GO et donc figés dans une stratégie défensive car cette situation ne fait que détruire de la valeur à long terme.

Le Stop and Go ne permet pas en effet aux investisseurs et aux entreprises de se projeter ni d’envisager de façon pérenne des projets d’investissement.

Cette annonce redonne de l’espoir et permet d’anticiper une réaction des marchés encore plus forte quand cet espoir sera conforté et validé par d’abord l’approbation des autorités de tutelle puis par la planification d’un plan de vaccination crédible.

Tous les repères sont cassés et aucune ancienne limite ne pourrait être prise pour acquise.

Selon la théorie du re-balancement du portefeuille: les indices boursiers croissent comme la quantité de monnaie.

En conséquence, au vu de l’inondation monétaire déjà créée par les états et les banques centrales sans parler de celle due aux plans de relance qui vont arriver, la monnaie ainsi créée va se déverser sur tous les actifs (financiers et immobiliers) en provoquant malheureusement certainement des bulles.

Ce rallye haussier n’est donc pas anormal même s’il est peut-être prématuré.

Il y a fort à parier que les marchés dans un futur proche seront plus élevés qu’avant cette crise grâce au réinvestissement de cette quantité incroyable de monnaie.

Il y aura toujours des perdants et des gagnants post crise mais de grandes tendances se dessinent déjà et des secteurs sont à privilégier (environnement, digital,sécurité sanitaire et informatique, méga tendances …).

Au-delà de la trajectoire à court terme, qui devra être mise à profit pour se repositionner en cas de rechute des marchés, la perspective d’une sortie de crise sanitaire en 2021 devient de plus en plus probable et crédible, couplée à des conditions financières extrêmement favorables et qui devraient le rester encore longtemps, devrait soutenir les actifs risqués dont la valorisation relative est toujours plus attractive face à des taux sans risque historiquement très bas.

Rédigé le 14 Novembre 2020

Lettre info Sindel – Novembre 2020

L’évolution des marchés financiers à l’annonce du second pic covid 19

L’accélération de la crise sanitaire en Europe et les mesures prises pour la juguler invalident à court terme le scénario de reprise économique mondiale.
Cette nouvelle vague de l’épidémie va en effet entraîner une rechute de l’activité. Toutefois, le confinement est moins généralisé et moins brutal qu’en mars et laisse une partie non négligeable de l’économie en état de marche dont les services publics, l’industrie et la construction. L’ampleur de la baisse sera ainsi sensiblement inférieure à celle du printemps et le gouvernement français estime que l’activité devrait retomber à 85 % de la normale en novembre contre 95 % en septembre-octobre, mais très au-dessus des 70 % d’avril (soit une perte de 1 à 1.5 % du PIB par mois).

Si le reconfinement est une mauvaise nouvelle et donne l’impression « d’un jour sans fin » selon l’expression d’Emmanuel Macron, des motifs d’espoir sont toutefois à souligner :

Le confinement n’est pas synchronisé : l’Asie et, dans une moindre mesure, les Etats-Unis semblent jusqu’à présent davantage épargnés.

Aux Etats-Unis, la pandémie s’accélère également depuis quelques jours, mais l’économie reste toujours solide, tirée par une consommation robuste et une production de biens en hausse. Le secteur de l’immobilier est même en forte croissance et agit comme un véritable moteur. La pénurie de logements pourrait d’ailleurs alimenter l’inflation qui repart progressivement.

Le PIB du troisième trimestre s’affiche à +33,1 % (+7,4 % en annualisé) après la chute de 31,4 % au second trimestre. C’est une vraie reprise en V.

Le grand gagnant de la période actuelle est la Chine. Tous les indicateurs sont au vert : industrie, services, commerce extérieur, consommation interne. La Chine a ainsi retrouvé son niveau d’avant crise. C’est aujourd’hui un élément rassurant pour la croissance mondiale et particulièrement pour certaines industries telles le luxe ou l’automobile.

Le soutien budgétaire (les Etats) et monétaire (Les Banques Centrales) va demeurer très important et plaide pour un scénario de choc de croissance positif dès que l’urgence sanitaire sera traitée. Les aides publiques vont être accrues par rapport au printemps et la logique du « quoi qu’il en coute » continue à prévaloir, sauvant les secteurs les plus touchés. Par ailleurs, la BCE a annoncé qu’elle assouplirait encore sa politique monétaire lors de la prochaine réunion de décembre.

Avec le temps qui passe, la probabilité de trouver un vaccin augmente. Plus d’une centaine de vaccins sont en développement et plus de 10 sont actuellement en phase 3. En Chine, certains vaccins commencent déjà à être utilisés. Dans les pays occidentaux, Pfizer, Moderna et Astra Zeneca au moins devraient présenter des résultats d’ici la fin de l’année et, s’ils sont positifs, les campagnes pourraient débuter dans le courant du premier semestre.

L’élection américaine va rapidement se dénouer (normalement)
Le futur président, quel qu’il soit, devrait pouvoir faire accepter par les parlementaires le plan de relance budgétaire, maintes fois espéré et toujours repoussé pour des raisons politiques. Le scénario d’une élection serrée et potentiellement contestée serait en revanche problématique.

L’après crise sanitaire, une relance économique potentiellement rapide

Enfin, l’expérience du printemps montre que le rebond en sortie de confinement est rapide et qu’un scénario de reprise forte le jour où la crise sanitaire sera derrière nous est à privilégier, même s’il faut reconnaitre que le timing reste impossible à prédire. Pour la plupart des analystes, une activité proche du niveau d’avant crise dès la fin 2021 est donc toujours d’actualité.

Sur les marchés, la dégradation sanitaire a provoqué une baisse nette (-10 % sur l’Eurostoxx 50) après 5 mois de stabilité. Le CAC est ainsi passé de la zone de 4800/5000 points à près de 4500 offrant une première opportunité d’achat pour ceux qui ont un horizon de moyen terme.
La volatilité est certes de retour après plusieurs mois de répit mais un certain nombre de secteurs peu dépendants de cette crise (digital, consommation courante, santé, énergies propres…) demeurent attractifs et toute baisse exagérée serait un point d’entrée.

Conclusion

L’impact de ce nouveau confinement en France est évidemment négatif et crée de la volatilité sur les marchés. Il faut toutefois remarquer qu’en mars les marchés ont commencé à rebondir peu après l’annonce des mesures de confinement.

Par ailleurs, des nouvelles positives sur l’élection américaine ou sur les vaccins pourraient constituer des facteurs de soutien dans les prochaines semaines.

Au-delà de la trajectoire à court terme, la perspective d’une sortie de crise sanitaire en 2021, couplée à des conditions financières extrêmement favorables, devrait soutenir les actifs risqués dont la valorisation relative est toujours plus attractive face à des taux sans risque historiquement très bas.

Rédigé le 2 novembre 2020