Les craintes de récession aux USA consécutives aux droits de douane annoncés début avril se sont dissipées puisque la prévision de croissance pour les Etats-Unis s’établit désormais à 1,8 % pour 2025.
Des sujets d’inquiétude subsistent toutefois :
- Le moral des consommateurs américains est en berne.
- L’indice manufacturier montre une contraction dans l’industrie.
- La guerre commerciale est loin d’être terminée alors que l’administration vient d’instaurer de nouvelles surtaxes sur les camions, les médicaments, les produits liés à la construction…
- L’administration fédérale est paralysée par un nouveau ”shutdown“ (mise à l’arrêt des services publics non essentiels). C’est le 22e que connaît le pays, le dernier ayant duré 35 jours et couté près de 0,1% de croissance par semaine. Donald Trump y voit l’opportunité d’identifier les emplois non indispensables et de licencier jusqu’à 150.000 personnes sur les 750.000 concernées.
- Le marché de l’emploi montre de nets signes d’essoufflement. Au 2e trimestre, l’économie US n’a créé que peu d’emploi (Donald Trump, mécontent de ces statistiques, en a profité pour virer la directrice du bureau responsable de cette publication) et le secteur privé en aurait détruit 32.000 en septembre. Le taux de chômage progresse donc légèrement alors même que 1,2 millions d’étrangers seraient sortis du marché du travail.
Ce ralentissement de l’emploi a conduit la Banque Centrale US à baisser ses taux en septembre de 0,25 %, en dépit d’une inflation persistante.
Cette reprise de la baisse de taux, qui devrait être suivie d’autres d’ici la fin de l’année, a constitué un facteur de soutien aux marchés actions.
Alors que l’incertitude demeure donc forte, les marchés US sont proches des plus hauts historiques, en raison du formidable essor de l’intelligence artificielle. OPEN AI (chat GPT) devient ainsi la première société non cotée dont la valorisation atteint 500 milliards de dollars. De son côté, NVIDIA, la 1re capitalisation mondiale, continue à afficher des taux de croissance de start-up et se paie 48 fois ses résultats (contre 37 fois pour les 7 magnifiques, 25 fois pour le S&P 500 et 15 % en moyenne historique), entrainant les valeurs technologiques dans son sillage.
Ces valorisations extrêmes font craindre une bulle boursière mais les analystes les justifient par les résultats en forte croissance, les investissements massifs dans le secteur et le fait que l’IA n’en est qu’à son début.
Le fait que l’or approche les 4000 $ l’once (en gain de 35% en 2025) et que le Bitcoin atteigne 125.000 $ montre toutefois que les inquiétudes sont bien présentes.
En Europe, la croissance demeure globalement faible (3e année de stagnation en Allemagne) et l’inflation contenue, si bien que la Banque Centrale Européenne pourrait à nouveau baisser ses taux en 2026.
Enfin, la France vient de battre les records du 1er ministre et du gouvernement les plus éphémères.
Le blocage institutionnel ne sera vraisemblablement résolu que par des élections générales mais dans l’intervalle, le gouvernement démissionnaire peut déposer un projet de loi spéciale qui permettra de reconduire le budget sur la même base que l’année précédente.
Les marchés ont réagi par un écartement du ”spread” de taux à 10 ans à 0,87 % entre la France et l’Allemagne, contre 0,5% avant la dissolution. La France paye ainsi sa dette à des taux plus élevés désormais que l’Espagne, l’Italie ou la Grèce (!) mais aussi que certaines sociétés françaises telles LVMH ou l’Oréal, les investisseurs faisant d’avantage confiance à ces entreprises bien gérées plutôt qu’à l’Etat français.
Les actions françaises sous-performent depuis plus d’un an les autres marchés européens mais le CAC 40 approche les 8.000 points et gagne tour de même 8 % depuis le début de l’année. Il faut dire que les grandes entreprises cotées ne réalisent que très peu de leur chiffre d’affaires et encore moins de leur bénéfice dans l’hexagone.
Dans ce contexte nous préconisons de :
- Rester investi sur les secteurs technologiques qui façonnent l’avenir (Intelligence Artificielle, blockchain, spatial, big data…)
- ainsi que sur les valeurs européennes, dont les valorisations sont faibles au regard des US,
- S’intéresser au secteur de la santé, sous-performant depuis des mois et affichant des valorisations très basses. Le pire est certainement passé (menaces de droits de douane exorbitants, baisse des prix des médicaments) alors que Pfizer et Eli Lilly trouvent des accords avec le gouvernement américain,
- Comme depuis juin 2024, d’éviter la dette française et les valeurs domestiques,
- De continuer à privilégier les produits structurés de taux à capital garanti (notamment indexé sur l’Euribor 3 mois) et les produits indexés sur les actions, bénéficiant de fortes protections à la baisse, et constituant des alternatives attractives aux actions.